Ma vie ...
La première, c'est une vie d'enfant sage, choyé par ses deux sœurs aînées. J'ai été gâté, pourri; je jouais avec des "Barbie" … j'en avais un coffre plein avec des centaines de vêtements. Je me déguisais en fée ou en princesse, mes sœurs étaient ravies et ma mère ne se souciait guère de mes jeux et de mes goûts déjà très féminins. A 10 ans mon père m'a mis en pension, dans un établissement de garçons et c'est là où mes problèmes ont commencés. Jusqu'à ce que je quitte cette pension, j'ai été le souffre douleur de tous, j'étais très réservé, timide, précieux … j'étais la petite "chochotte" comme ils disaient, la risée de toute l'école. J'ai quitté cette école après une dépression nerveuse. J'ai tenté de me suicider et c'est là que tout le monde s'est posé des questions. J'avais 14 ans. Mon père m'a pris en grippe. Mes sœurs me protégeaient et j'étais toujours dans les jupes de ma mère. J'aimais les vêtements de fille, je mettais les culottes de mes sœurs ou de ma mère et elles trouvaient cela normal.
Deuxième page : une adolescence à la recherche de mon identité. Au lycée, j'étais très brillant du point de vue scolaire. Je n'avais pas de copain garçon, j'étais toujours avec des filles et je me sentais comme elles. Elles me considéraient d'ailleurs comme une d'entres elles. Dans mon dos j'ai toujours entendu les garçons me traiter de tapette et de gonzesse. Je passe sur les humiliations lorsqu'ils me coinçaient à plusieurs dans un coin de la cour de récré. A 16 ans j'ai réalisé vraiment que j'étais homo lorsque j'ai ressenti des sentiments d'amour pour un garçon qui était dans la classe supérieure. Cela a été mon premier amour et lui, l'objet de mes désirs les plus fous n'en savait rien. C'est à 16 ans aussi qu'une amie de ma mère m'a déniaisé. C'était une femme très belle, très mûre et je me suis retrouvé avec elle un jour parce que mes parents étaient en voyage et nous les enfants nous nous sommes trouvés répartis chez les amis pour quelques jours. Cette femme s'est occupée de moi et elle me fascinait. Elle s'est tellement bien occupée de moi qu'elle m'a initié à l'amour et m'a pris ma virginité. J'avais 16 ans, elle devait en avoir 50. J'aurais aimé être elle. C'est elle Suzie ! Celle à qui je ressemble aujourd'hui, pas physiquement mais simplement dans sa féminité, son savoir être femme, un peu fatale, un peu bourgeoise, un peu putain, un peu maternelle, femme du monde et pourtant si simple et douce. C'est une admiration que j'ai eue pour elle. Cela ne m'a pas détourné de mes tendances homosexuelles. Ma vraie virginité, je l'ai perdue à 18 ans avec un homme de la trentaine que j'ai rencontré dans une boîte. Cette aventure a duré une semaine et il m'a jeté comme un kleenex. Premier chagrin et là je me suis vengé en ayant des aventures sans lendemain avec des garçons de la fac. J'ai fait "Lettres" et j'ai arrêté alors que je m'étais engagé dans la préparation de concours après ma maîtrise. Pourtant je réussissais dans tout ce que je faisais. J'avais 22 ans et j'ai tout lâché pour un homme de 25 ans mon aîné qui m'a demandé de vivre avec lui.
Troisième page : C'était C…, mon compagnon dont j'ai été amoureux … ou plutôt amoureuse. Dans notre couple j'ai été la femme et j'étais heureuse. J'ai eu un coup de foudre pour cet homme. Après la période "tout est beau", j'ai découvert sa vraie personnalité. L'amour est aveugle, mais après une ou deux raclées parce que "je ne voulais pas" être gentille avec lui et avec ses copains, j'ai compris qui il était vraiment. Après tout a dégénéré pour en arriver à des situations infernales, de l'échangisme "bon chic, bon genre" jusqu'aux partouzes. Trop c'est trop, je n'étais qu'un objet et C… avait des petites copines à côté pendant que moi j'étais la "légitime" au foyer !
Quatrième page : J'ai quitté C…, j'ai recommencé à zéro. J'avais besoin de m'épanouir, de me sentir moi, de me réaliser. C'est femme que je me sentais. J'avais fait depuis longtemps ces confidences de devenir femme à une amie. La première fois que j'ai rencontré E…, cette amie, j'ai été impressionnée par sa féminité, et la chance qu'elle avait d'être physiquement comme une femme. Et puis il y a eu S… que j'ai découverte, une très belle femme. Elle est mon modèle. Pourquoi elle et pourquoi pas moi ? Ces deux amies, m'ont encouragée à faire ce qu'il fallait pour devenir une femme. Depuis longtemps je suis femme dans ma tête. Mais mon image devait être en conformité avec ma tête. Et puis ce plaisir intense d'être habillée en femme : la douceur des sous vêtements, la démarche avec des chaussures à talon, une robe ou une jupe et un chemisier laissant entrevoir un joli soutien gorge qui enferme de petits seins … être courtisée aussi.
Cinquième page : Je me suis libérée. Je m'assume complètement. J'ai une vraie vie de femme. J'exprime toute ma féminité. Je travaille comme barmaid dans une boîte de nuit. J'ai mon petit appartement, ma petite voiture. Je me suis lancée dans le public relation et l'accompagnement des personnes. Quiconque peut faire appel à mes services. J'ai déjà des références, il y a aussi ce blog, ce journal où je déballe tout … mais je sais que c'est le bouche à oreille qui sera mon meilleur agent.
C'est un bonheur d'être femme.
SUZIE